Je vous propose de partager la découverte d’une démarche d’enseignement du langage oral basée sur l’enregistrement, et qui peut s’adapter à tous types de textes et de niveaux. Les nouveaux programmes de 2015 proposent à plusieurs reprises de travailler à partir d’enregistrements, et surtout pour deux des 4 sous-domaines de l’oral : apprendre à parler et adopter une distance réflexive par rapport au langage.
Avant toute chose, cette démarche suppose un outil : j’ai pu employer une tablette, on peut utiliser le micro d’un ordinateur ou un casque-micro. Il existe aussi des micro-USB spéciaux, faciles à utiliser par les élèves, et qui permettent une prise de son de bonne qualité, comme par exemple celui de chez Génération 5, que j’ai à l’école :
En deuxième lieu, cette démarche nécessite pour les élèves l’apprivoisement de l’outil, au plan technique, mais surtout au plan psycho-affectif. Comme ça l’est pour nous, il est difficile pour un élève d’accepter d’écouter sa voix. Il est important d’installer un climat d’écoute très respectueux, de laisser du temps, de nombreux essais, et de permettre des essais sans écoute collective.
En troisième lieu, il s’agit d’adapter les conditions de l’enregistrement à l’objectif : seul devant les autres, seul dans le couloir ou dans un lieu isolé (évaluation), enregistrement d’une conversation, d’un groupe…
La démarche que j’utilise, calquée sur ce qui se fait dans d’autres matières, comporte plusieurs étapes :
– Une évaluation diagnostique, en individuel, pour voir ce qui sera à travailler. Par exemple, je leur demande de me raconter une histoire qui se passe en Afrique, parce que mon objectif est qu’ils puissent raconter un récit fictif et que notre thème est l’Afrique. Puis, au lieu de corriger les cahiers le soir, j’écoute leurs productions pour comprendre quels sont les besoins. Je tombe par exemple sur ces deux productions, et je peux entendre que de nombreux élèves ne savent pas ce qu’est un récit :
– Une phase d’écoute : je choisis quelques productions à faire écouter, on essaie de voir les bonnes idées, les difficultés. On construit une affiche « aide-mémoire » pour structurer ce qu’on a appris. Toujours sur l’Afrique, je me suis donc rendue compte que plusieurs élèves mélangent récit et description, alors je leur fais écouter plusieurs productions et on construit une affiche avec leurs mots :
– Une phase d’entrainement : les élèves répètent, en petits groupes, en groupes plus grands, avec ou sans enregistrement, avec l’affiche. Il est important à ce moment que les élèves puissent répéter, reformuler. Les petits parleurs peuvent commencer par répéter les mots des autres pour se les approprier, puis les reformuler, et ainsi progresser. Ecouter les autres est aussi un facteur important d’entrainement. Je leur propose donc de construire par 2 ou 3 une histoire d’Afrique, sans l’enregistrer, en s’assurant ensemble que les critères que nous avions choisis ensemble sont bien respectés.
– Une phase d’évaluation finale, qui est souvent pour moi aussi la production finale, l’enregistrement qui sera diffusé ou publié, par le biais du blog de l’école. Je peux alors évaluer au niveau du discours tout ce qui a été travaillé. Pour le travail sur le récit africain, je vais évaluer si c’est bien un récit, s’il c’est au passé, si l’élève a employé un ou plusieurs connecteurs temporels, s’il y a un évènement au coeur de l’histoire.
Bien sûr, cette démarche n’est qu’une possibilité pour travailler l’oral en cycles 2 ou 3, mais elle a l’avantage d’être très adaptable et de pouvoir être utilisée dans de nombreuses utilisations. Elle a aussi l’énorme avantage de donner une place matérielle à l’enseignement du langage oral en classe, par l’enregistrement qui fait exister le langage oral, par les affiches de structuration qui font exister son enseignement. Elle permet aussi de travailler sur l’écoute et le respect de la parole des autres dans la classe.
C’est une très bonne idée… j’aime beaucoup ! ça permet de vraiment structurer l’apprentissage de l’oral… MERCI !
Merci pour cet article qui confirme ma pratique!
Pas si simple de revenir sur un enregistrement, je l’ai vu cette semaine justement!
Les élèves arrivaient bien à entendre les erreurs des autres mais pas les leurs.
Merci pour vos retours…
Ptitejulie, je te rejoins pour dire que les élèves ont beaucoup de mal à revenir sur leurs travaux, encore plus sur l’enregistrement, et surtout s’ils sont petits. Mais les progrès sont souvent visibles quand ce travail est régulier. Et puis c’est déjà pas mal s’ils entendent les erreurs des autres !