Les débats qui se tiennent en ce moment autour de la COP21 comportent souvent un volet « éducatif », et je partage avec vous aujourd’hui mes réflexions à ce sujet. Bien entendu, l’école a un grand rôle à jouer dans la formation des adultes de demain. Les programmes scolaires proposent depuis quelques années une éducation au respect de l’environnement et au développement durable (j’en parle par exemple par ici).
Il existe un autre versant de cette éducation : celui de l’éducation à la coopération. A l’image des réalisateurs du film Demain, je pense que pour construire un autre modèle de société, plus respectueux de la planète et compatible avec l’environnement, nous avons besoin de retrouver le sens du bien commun et de la solidarité, et je pense qu’en tant qu’enseignante, j’ai un rôle à jouer en ce sens. Et les récents évènements dramatiques de Paris montrent que cette éducation, qui est aussi un apprentissage du vivre ensemble, est vraiment nécessaire.
Certains proposent de développer les écoles alternatives. Pour ma part, je pense que notre Education Nationale peut aussi largement promouvoir cette culture de la coopération. Je vous propose ici un article un peu plus personnel, quelques pistes que j’essaie de développer pour aller vers plus de coopération à l’école :
– Enseigner aux élèves des méthodes pour communiquer sans violence et régler des conflits : il s’agit avant tout d’apprendre aux élèves à reconnaitre leurs émotions, et à comprendre qu’ils peuvent exprimer ses émotions sans violence. Au cycle 2, nous faisons un premier travail pour dire ses émotions. Puis, je leur enseigne le message clair, qui est une forme d’expression de ces émotions. Enfin, nous essayons de trouver des solutions aux petits conflits du quotidien, de transformer les « T’es plus ma copine » en « Je jouerai avec toi tout à l’heure« , ou « Je suis énervée parce que tu n’es pas d’accord avec moi, je reviendrai te voir plus tard« . Et petit à petit, ça marche !!
– Institutionnaliser des lieux d’apprentissage de ces compétences, comme les conseils d’élèves : l’objectif est de permettre aux élèves d’avoir un lieu et un temps dédié à la mise en place des compétences de communication non-violente, de travail coopératif. Le conseil d’élèves est issu de la pédagogie coopérative de Freinet. Il peut se rapprocher aussi des Temps d’Echange en Classe proposés par la discipline positive. Dans ma classe, il est mis en place en chaque fin de semaine. Les élèves peuvent exprimer leurs réussites, leurs difficultés, leurs conflits, leurs idées… J’en parle plus longuement dans cet article.
– Changer de regard… et de paroles : quand j’avais lu Quand l’école s’adapte aux enfants, j’avais été interpellée par la manière dont l’auteure, enseignante Montessori, s’adressait aux enfants, en demandant toujours au groupe comment aider l’enfant en difficulté. Depuis, j’essaie dans ma classe (et surtout lors du conseil d’élève), de renvoyer les difficultés à la classe, pour trouver des solutions coopératives. Les enfants proposent facilement de l’aide, et le climat de classe change mine de rien. Par exemple : Y. n’est jamais rangé quand ça sonne, comment peut-on faire pour l’aider ? – Maitresse, moi, je veux bien aller le chercher pour lui apprendre à se ranger.
– Instaurer du tutorat : là encore, Freinet et Montessori ont largement développé le concept de cette entraide entre élèves, qui apporte autant à celui qui aide qu’à celui qui est aidé. Sur ce point, une classe multiâge ou multi niveaux est avantagée. Comme tout autre compétence, celle d’aider un camarade doit s’apprendre… et s’enseigner. J’y reviendrai aussi.
Bien sûr, tout n’est pas réglé, aucune formule n’est magique en éducation. Mais voir les progrès des élèves qui donnent leur sentiment, qui arrivent fièrement de la récréation en disant : Maitresse, on était pas d’accord et on a résolu notre problème tous seuls, qui vont proposer leur aide à un autre, sont vraiment un encouragement constant.
Pour aller plus loin, voici quelques sites :
– le livre de Sylvain Connac sur les pédagogies coopératives, et sa définition de la coopération sur le site du réseau Canopé
– la fiche du site de Colibri : pour introduire la coopération à l’école
– le site de l’IREPS de la Loire : le cartable des compétences psychosociales
– le site de l’OCCE, avec sa charte de la coopération
Bonjour,
Je vous invite à découvrir différents titres intéressants pour travailler la coopération.
La coopération au fil des jours
La coopération en classe
Le conseil de coopération
La coopération, un jeu d’enfant
Coopérer pour réussir, préscolaire et 1er cycle
Je coopère, je m’amuse
La pédagogie coopérative
Affiche de la non-violence
Affiche des solutions aux conflits
Affiche des émotions
Cordialement,Pirouette Éditions. »Distributeur d’ouvrages didactiques et de jeux éducatifs »
Tout à fait d’accord avec toi, c’est un très bon article qui m’a permis de découvrir 2 ou 3 liens que je ne connaissais pas.
Merci pour vos petits mots…
Pour les ouvrages de Chenelières, j’en connais quelques uns, et c’est une maison d’édition qui a beaucoup inspiré différents aspects de ma pratique. J’y ai trouvé souvent des pistes intéressantes, mais aussi parfois des activités destinées à la coopération qui sont pour moi trop en dehors de la classe. Je préfère travailler sur le climat général, et développer la coopération au sein des différents apprentissages, que de faire des activités spécifiques. Ceci étant, je ne connais pas de près tous les ouvrages, je vous livre un avis général sur ceux que j’ai pu consulter. Il faudra que j’aille m’y replonger de plus prêt.
Supermaitre, il me semble en effet que nous voyons les choses un peu de la même façon sur ce sujet, d’après ce que j’ai pu aller voir chez toi… Alors au plaisir de se recroiser sur la toile, ça fait du bien de se soutenir.
Je m’inspire des pédagogies coopératives depuis 6 ans maintenant. Je suis toujours heureuse de tomber sur des blogs qui s’y intéresse aussi… Merci pour cet article et puis aussi pour le reste
Je revieeendrai !